La statue de la Vierge à l'enfant

 

Vierge à l'enfant

 

D’une grande beauté plastique, cette statue a sans doute été offerte par le duc de Berry au monastère des Célestins lors de la dédicace solennelle de l’église en 1408.

 

Elle est attribuée, malgré l’incertitude des documents la concernant, à Jean de Roupy, dit Jean de Cambrai, imagier et valet de chambre du duc de Berry, dont la manière est caractéristique : géométrisation des formes, traitement de la robe qui se casse en plis anguleux, mains aux doigts longs, comme soudés, se retrouvent dans les œuvres sculptées à Bourges par cet artiste.

 

La Vierge, dont le visage, encadré par le manteau qui forme voile (le maphorion byzantin), exprime une gravité sereine, porte l’enfant Jésus sur son bras droit.

 

L’œuvre est exceptionnelle d’abord par l’originalité de sa conception plastique, car son auteur rompt délibérément avec le type de drapé universellement adopté dans les statues de la Vierge au XIVe siècle : les longs plis verticaux dominent, faisant émerger de l’ombre le visage comme un masque parfait et mettant en valeur la grande oblique du corps de l’enfant. Par son iconographie ensuite : l’enfant, à demi vêtu d’un lange, joue de la main droite avec le chaton qui orne l’annulaire droit de sa mère et serre dans sa main gauche un bouquet de trois roses. Par ses dimensions enfin, près de 2 mètres.

 

Classée monument historique dès 1897, c’est la plus grande figuration de ce type léguée par le Moyen-Age. Elle est sculptée dans un seul bloc de marbre blanc, rehaussé de dorures presque effacées (cheveux, bordure du manteau) qui permettent d’imaginer l’extrême raffinement de l’œuvre dans son aspect primitif.

 

Transportée au dépôt de Versailles sous la Révolution, elle fut récupérée en 1830 par la municipalité qui la plaça dans l’église paroissiale.

 

Par deux fois, en 1950 et en 2004, elle a été déplacée au musée du Louvre pour figurer dans des expositions consacrées à l’art médiéval. Elle fut également exposée à Bruxelles, du 5 octobre 2007 au 20 janvier 2008, dans le cadre de l’exposition « Le grand Atelier, chemins de l’art en Europe ».

 

Ressources bibliographiques :

  • Benoît Ferrazzi, Mémoire Master 2, Paris IV Sorbonne, 2009
  • Documents photographiques : P. Bourgueil